Musique d’ambiance dans l’église, la défaite du catholicisme

J’entre dans l’église, je m’approche de l’autel qui n’est en fait qu’une espèce de table couverte d’une espèce de drap, alors je continue mon chemin à la recherche d’une éventuelle petite chapelle qui serait nichée dans un coin de l’édifice comme c’est parfois le cas, mais pas cette fois. J’arrive au fond de l’église et je tombe enfin sur cette petite bougie rouge qui indique la présence réelle. Je m’agenouille face au crucifix qui surplombe le tabernacle et je m’apprête à commencer mes prières, lorsque je me rends compte que de la musique sort de je ne sais quelles enceintes. Il s’agit d’un disque de gens qui chantent Alléluia sur fond de guitare et de percussions, impossible de prier, ni même seulement de se recueillir. Avec ce tintamarre omniprésent, le crucifix de cet autel désormais désuet – car la nouvelle messe se fait sur la table néo-protestante qui gît au centre de l’église – n’a plus qu’une fonction de bibelot. Les prières des fidèles, la sulfateuse des prières jaculatoires, le fusil d’assaut du chapelet, tout cela qui est à la hauteur du sacrifice de Notre Seigneur Jésus Christ et notre façon de l’honorer, est remplacé par un bruit constant qui n’incite pas à la prière mais au tourisme bovin, à la promenade désacralisée.

Cette décision, donc cette volonté, de remplir l’édifice religieux de musique, est le terrible aveu du vide qui sans cela « remplirait » l’église, tant est absente celle qui devrait, seule, remplir tous nos lieux de culte : la puissance de la prière, du recueillement et de la méditation.

L’absence de catholiques qui prient, et l’absence de transmission de la foi à cause d’une messe qui n’est plus qu’une réunion de gens pour qui l’Histoire de Eglise commence le 8 décembre 1965, et d’homélies toutes plus niaises les unes que les autres et gavées d’erreurs voire d’hérésies, ont fait des églises qu’elles sont au mieux devenues des attractions touristiques où l’objet de visites guidées. C’est dans ce cadre et seulement dans ce cadre, que l’on peut comprendre pourquoi la musique est omniprésente dans ce genre d’églises, car si la diffusion de musique peut être appropriée à un musée ou un centre commercial, elle ne l’est absolument pas pour le recueillement et encore moins pour la prière. On a là la démonstration que les gens qui gèrent les lieux du culte catholique en France considèrent que ceux-ci sont faits pour la promenade et pas pour la prière. Voilà pourquoi le silence est banni, et voilà aussi, au passage, pourquoi le catholicisme est devenu – hors tradition qui est un cas à part (pour l’instant) – une espèce de mort-vivant.