Bonne nouvelle, les libraires sont en difficulté

Je me rappellerai toujours la réaction de cette libraire, à qui j’avais demandé si elle avait Langue fantôme de Richard Millet. Elle était à la fois choquée et désabusée, qu’un jeune homme normal et souriant puisse entrer dans SA librairie pour lui demander CET ouvrage. Il faut dire qu’à l’époque, ce livre avait créé un vif émoi à sa sortie, car il comprenait un petit appendice intitulé éloge littéraire d’Anders Breivik. Derrière ce titre provocateur il ne s’agissait que de droitisme conventionnel, mais cela avait suffit pour que cette gauchiste de libraire ne puisse s’empêcher de me faire remarquer qu’elle désapprouvait mon achat. Dans un autre département, une autre librairie, mais sur le même sujet, j’avais décontenancé une autre libraire en lui demandant où était Utoya, de Laurent Obertone, que je ne trouvais nulle part dans son échoppe. Résignée, elle m’indiqua le rayon « voyages », section « Norvège », c’est sûr que personne n’allait le feuilleter à cet endroit ! Enfin bref, tout ça pour dire que si des librairies qui ne sont pas ouvertement « de chez nous » ferment à cause d’Amazon ou je ne sais quoi, je reprendrais deux fois des moules.