Les résignés et les puristes (par Jonathan Sturel)

“Dans notre camp, nous avons deux ennemis :

– Les résignés prêts à renoncer à tout.
– Les puristes qui ne rêvent que du retour de saint Louis et qui rejettent tout ce qui ne nous fait pas passer en une seule enjambée de la France de Macron à celle de Marion.

Je le vois lorsque je parle du RN. Encore hier un puriste à la gomme se plaignait de ne pas trouver dans le programme du RN le retour de la peine de mort, la pénalisation de l’homosexualité, l’interdiction de l’avortement, le retour du catholicisme comme religion d’État, la réémigration totale, immédiate et inconditionnelle, des lois d’exception contre les Juifs, etc.

Je me demande dans quel genre d’univers mental parallèle ces puristes ont accepté de s’enfermer à force de surenchères répétées, d’enfermement sectaire et de consultation en circuit fermé des niches Internet les plus radicales et loufoques.

Et finalement j’en arrive à la conclusion que les résignés et les puristes ont une psychologie assez proche en réalité. Le résigné admet qu’il ne veut plus livrer le combat tandis que le puriste a trouvé un moyen de justifier son refus de livrer le combat en se faisant passer pour un exigeant. Or son niveau d’exigence est en fait une excellente base de repli et une justification parfaite à son inaction et au fait que tout son militantisme consiste à parler des Juifs derrière un pseudo et un VPN.

Ces puristes ne veulent rien faire, rien changer, leur simple plaisir et leur seule satisfaction sont de commenter avec morgue tout ce que font les autres, autres qu’ils ont en plus le culot de prendre pour des tièdes parce qu’ils ne réclament pas à visage découvert le retour de l’étoile jaune. C’est très facile d’être un puriste finalement, c’est assez confortable, cela ne demande guère d’efforts en ce sens que juger et insulter ne réclame jamais d’efforts.

À la limite, je préfère un résigné qui reconnaît qu’il n’arrive plus à y croire, qui abandonne par dépit et qui s’en excuse, à un puriste qui n’en fera jamais plus que lui mais qui se paie le luxe de se déguiser, lui, en soldat exemplaire et qui fait la leçon aux autres derrière son costume.”