De quoi Yaroslav Hunka est-il le nom ?

[Article de l’abbé Du Thail pour Réflexions]
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Le 22 septembre 2023, la chambre des communes du Canada reçoit le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Après un discours de celui-ci, le président de la chambre Anthony Rota prend la parole et demande à tout le monde d’applaudir un habitant de sa circonscription de l’Ontario venu pour l’occasion, « un vétéran ukraino-canadien de la Seconde Guerre Mondiale qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes », membre de « la 1e division ukrainienne », « c’est un héros ukrainien, un héros canadien, et nous le remercions pour tout son service » : toute l’assistance applaudit debout avec enthousiasme Yaroslav Hunka, effectivement membre d’une division renommée le 25 avril 1945 la 1e division ukrainienne, mais qui a surtout été durant deux ans la 14e division de la Waffen-SS dite division Galizien (Galicie).

Évidemment, comme l’on pouvait s’y attendre, une fois l’équivoque levée, le tollé est général : les nombreux organes de la communauté juive, la Pologne, la Russie, chacun y va de sa condamnation indignée devant l’ovation faite par le parlement canadien à un ancien Waffen-SS. Anthony Rota doit s’excuser publiquement dès le 24 septembre et, le 26, ayant perdu tous ses soutiens à la chambre des communes, il doit démissionner de sa présidence : nul doute que sa carrière politique est tout simplement terminée.

Une fois encore, et comme chaque fois qu’il est question des « nazis ukrainiens », force est de constater que « nos milieux » ne se sont pas franchement distingués dans cette affaire, l’une des réactions les plus lamentables étant sans doute celle d’un site bien connu et souvent taxé d’antisémitisme, de « négationnisme » voire de sympathies « néo-nazies », Égalité et Réconciliation. Celui-ci n’hésite pas à affirmer sans l’ombre d’un conditionnel à propos de Yaroslav Hunka « Il a participé à quantité de massacres de civils, Ukrainiens, Juifs, Polonais et Slovaques », attaquant par la suite le Premier ministre canadien de l’époque William Lyon Mackenzie King, le dépeignant avec beaucoup d’exagération comme un « ami personnel d’Adolf Hitler, [qui] hébergea de nombreux criminels de guerre à la fin de la Seconde Guerre mondiale ».

Voilà où mène l’alignement systématique sur la propagande russe d’un site qui a, par ailleurs, eu le courage de défendre les révisionnistes chaque fois que l’occasion lui fut donnée et qui est sûrement l’un de ceux les plus surveillés par le Système à cause de sa liberté de parole vis-à-vis de la communauté israélite : son discours digne du Centre Simon Wiesenthal dès qu’il s’agit de l’Ukraine n’en est que plus navrant et pathétique, même s’il est vrai qu’Alain Soral comme Vladimir Poutine partage une même origine bolchévique et que leur vocabulaire s’en ressent toujours, ce qui montre l’importance de la dé-marxisation des esprits même dans nos milieux.

En l’espèce, le site d’Alain Soral fait de la pure calomnie, et M. Hunka tout comme les héritiers de M. Mackenzie King pourrait l’attaquer en diffamation : ce dernier n’était pas « un ami personnel » d’Hitler et lui a même fait la guerre entre 1939 et 1945, internant en camps de concentration les citoyens canadiens d’origine japonaise et les sympathisants du IIIe Reich comme Adrien Arcand et les membres de son parti, mais ce n’est pas de lui que nous allons nous occuper ici.

Depuis la révolution ukrainienne de 2013-2014, la propagande russe ne cesse de dénoncer la présence et l’influence des « nazis » en Ukraine. En la reprenant bêtement sans jamais une once d’esprit critique à cause de son admiration sans bornes pour Vladimir Poutine, la plupart de la droite nationale ne craint pas de surenchérir en antifascisme alors même qu’elle dénonce volontiers la reductio ad hitlerum dans la politique française. Elle ne se pose jamais non plus la question de la raison de ce « néo-nazisme » effectivement très présent en Ukraine, n’en déplaise à ses soutiens occidentaux et aux médias du Système alignés bêtement, eux, sur la propagande américaine.

Entre 1932 et 1933, plusieurs millions d’Ukrainiens sont morts dans une famine sciemment organisée par le pouvoir soviétique dans le cadre de la « collectivisation » des campagnes : ce génocide est appelé l’Holodomor. Et ce n’est là que l’épisode le plus marquant de ce qu’eurent à subir les Ukrainiens sous l’URSS, et ils furent aussi victimes, comme toutes les autres populations sujettes de la tyrannie communiste, des sanglantes persécutions habituelles, notamment anti-religieuses.

Ceci explique que les Ukrainiens accueillirent en libérateurs les soldats allemands en 1941 et que des milliers d’entre eux s’enrôlèrent rapidement dans la Wehrmacht. Devant le zèle anti-communiste de ces populations, le Reichsführer SS Heinrich Himmler décida de lever une unité SS ukrainienne, bien que ceux-ci étaient des Slaves (note 1) : la fameuse division SS Galicie, objet de tant de fantasmes des russophiles de tout bord. Le recrutement rencontra un énorme succès, et, durant l’hiver 1942-1943, des dizaines de milliers d’Ukrainiens se portèrent volontaires pour combattre l’Armée Rouge, principalement des Galiciens gréco-catholiques (note 2). Ceux-ci avaient la bénédiction de leurs évêques, qui célébrèrent des messes dans leurs cathédrales à l’intention de la nouvelle unité, devant les recrues locales et des responsables SS comme à Przemysl, Lviv ou Sanok. L’unité fut d’ailleurs bien accompagnée spirituellement puisque munie de vingt aumôniers dont au moins douze gréco-catholiques, le reste étant orthodoxe.

L’unité fut une division de 27 000 hommes qui fut mise en ligne en février 1944, déployée d’abord en Galicie-même contre les partisans soviétiques et Polonais. L’offensive soviétique de l’été 1944 amène les Galiciens à affronter l’Armée Rouge en juillet : la division ukrainienne combat avec acharnement contre un ennemi supérieur en nombre, perdant 70% de ses effectifs. Beaucoup de soldats, dispersés dans les combats, resteront sur place pour continuer une guérilla sur leurs terres de Galicie contre le régime soviétique qui dura jusqu’en 1960.

La division fut reformée en septembre avec ceux qui avaient réussi à se replier ou étaient encore à l’entraînement. Elle resta quelques mois, le temps de se réorganiser, en Slovaquie où elle pouvait compter sur la sympathie des populations fidèles au régime national-catholique de Mgr Tiso qu’elle protégea contre les partisans communistes rendus enhardis par l’approche de l’Armée Rouge. En janvier 1945, la division Galicie est envoyée en Yougoslavie pour combattre les partisans communistes de Tito aux côtés des catholiques slovènes dirigés par le général Rupnik et leur archevêque Mgr Rožman. Repliée en Autriche en avril 1945, la division Galicie y affronte une dernière fois l’Armée Rouge avant de se rendre aux Anglo-Américains en mai, après la capitulation de l’Allemagne.

La division Galicie fit preuve d’une grande valeur durant les combats, et au moins 137 de ses soldats reçurent des décorations allemandes : ce fut le cas notamment de l’abbé Mikhaylo Levenets, jeune prêtre gréco-catholique engagé comme SS-Untersturmführer (sous-lieutenant), décoré de la Croix de Fer de 2e classe pour sa bravoure dans les combats de l’été 1944, et qui fut plus tard curé de la paroisse Saint-Vladimir-le-Grand à Paris et fait chambellan par le pape Paul VI.

Placés dans des camps de prisonniers en Allemagne et en Italie, la protection du Vatican les sauvera de l’extradition vers l’URSS et, après quelques années d’internement, ils pourront s’installer libres partout dans le monde, surtout aux États-Unis, au Canada, en Australie ou en Argentine.

Contrairement aux calomnies répandues par tous les perroquets du Kremlin, la division SS Galicie n’a jamais été reconnue coupable d’aucun crime de guerre par un tribunal ou une commission, et même le Congrès juif canadien, qui n’est pas constitué de militants néo-nazis, a dû admettre être revenu bredouille de ses enquêtes à charge. Les accusations récurrentes de la Pologne sur des massacres commis contre des civils polonais en Galicie n’ont jamais pu être prouvées, et concernent vraisemblablement d’autres unités ukrainiennes ou allemandes.

En résumé, les soldats de la division Galicie se sont bien battus et n’étaient pas des criminels de guerre, mais bien, suivant les propos d’un évêque ukrainien au pape Pie XII, « de bons catholiques et de fervents anticommunistes », ils ne sont donc en rien condamnables, et tout ceux qui, parce que SS, voient en eux des criminels sont soit des ignorants soit des diffamateurs.

Nous irons même plus loin. Léon Degrelle faisait fort justement remarquer : « De l’enfer de Stalingrad (novembre 1942) à l’enfer de Berlin (avril 1945), neuf cents jours s’écoulèrent, neuf cents jours d’épouvante, de lutte chaque fois plus désespérée, dans des souffrances horribles, au prix de la vie de plusieurs millions de jeunes garçons qui se firent délibérément écraser, broyer, pour essayer de contenir, malgré tout, les armées rouges dévalant de la Volga vers l’ouest de l’Europe. En 1940, entre l’irruption des Allemands à la frontière française près de Sedan et l’arrivée de ceux-ci à la mer du Nord, il se passa tout juste une semaine. Si les combattants européens du front de l’Est, parmi lesquels se trouvaient un demi-million de volontaires de vingt-huit pays non-allemands, avaient détalé avec la même vélocité, s’ils n’avaient pas opposé, pied à pied, au long de trois années de combats atroces, une résistance inhumaine et surhumaine à l’immense marée soviétique, l’Europe eût été perdue, submergée sans rémission dès la fin de 1943, ou au début de 1944, bien avant que le général Eisenhower eût conquis son premier pommier de Normandie. » (note3)

Ainsi, c’est à tous ces combattants, dont les Ukrainiens de la division Galicie, que l’Europe de l’Ouest a dû d’échapper au communisme, et sûrement pas grâce aux Américains qui inondaient les ports russes de matériel destiné à l’Armée Rouge : nous avons une dette envers eux, il serait temps d’en avoir conscience. Nous pouvons donc volontiers reprendre envers Yaroslav Hunka les termes de M. Rota à la chambre des communes du Canada, « nous le remercions pour tout son service », lui et tous ses camarades de la 14e division SS Galicie.

Nous conclurons en citant encore une fois ce cher Léon, qui faisait partie de ces combattants : « Sans doute avions-nous été matériellement vaincus. Nous étions dispersés, persécutés aux quatre coins de l’Europe. Mais nous pouvions regarder l’avenir la tête haute. L’Histoire pèse les mérites des hommes. Au-dessus des abjections terrestres, nous avions tendu notre jeunesse vers une immolation totale. Nous avions lutté pour l’Europe, sa foi, sa civilisation. Nous avions été jusqu’au bout de la sincérité et du sacrifice. Tôt ou tard, l’Europe et le monde devraient reconnaître la justesse de notre cause et la pureté de notre don. Car la haine meurt, meurt étouffée par sa bêtise et par sa bassesse. Mais la grandeur est éternelle. Et nous avions vécu dans la grandeur ! » (note 4)


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Note 1 : Les bonnes dispositions des Ukrainiens et d’autres nationalités slaves envers eux entraîna chez les nationaux-socialistes allemands, surtout dans la Waffen-SS, une forte remise en cause du racisme anti-slave traditionnel chez les nationalistes allemands.
Note 2 : Catholiques de rite grec.
Note 3 : Hitler pour mille ans.
Note 4 : La campagne de Russie.


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