Dix réponses à Henry de Lesquen sur Eric Zemmour

Introduction

Il y a quelques jours, Henry de Lesquen a qualifié un de mes amis normands de « cosmopolite », en lui reprochant son soutien à la candidature d’Eric Zemmour pour la présidentielle de 2022, et en lui opposant un texte intitulé Dix bonnes raisons d’en finir avec Zemmour.

Bien que je lise assez peu de littérature anti ou pro Zemmour, j’ai décidé de lire ce texte car j’ai remarqué qu’Henry de Lesquen l’oppose à un grand nombre d’autres soutiens à la candidature d’Eric Zemmour, ce qui laisse entendre que ce texte serait doté d’une puissance particulière. Ma lecture a défait cette idée préconçue et entraîne la réponse qui suit.

Je tiens à préciser que mon article constitue une réponse à ce texte en particulier, et pas une attaque contre Henry de Lesquen, ni un clash, ni quoi que ce soit de cette nature.

Présentation

Tout d’abord, je suis surpris de constater que neuf des dix points reprochent à Zemmour d’être soit juif, soit sioniste…

S’il est difficile de reprocher à Zemmour d’être juif, car on peut difficilement dé-naître pour re-naître dans une autre race, au moins peut-on lui reconnaître qu’il n’est pas communautariste, et encore moins sioniste, comme nous le verrons dans l’analyse qui suit.

Ensuite, le seul point qui ne reproche pas à Zemmour d’être juif, le point n°9, lui reproche de barrer la route aux représentants de droite qui seraient privés d’antenne à cause de l’omniprésence d’Eric Zemmour comme porte-parole des idées de droite, ce qui constitue un grief à la fois étonnant, et faux.

Plutôt que de couvrir ici Eric Zemmour d’éloges, avec lequel j’ai plusieurs points de désaccords notamment sur de Gaulle et sur l’assimilation, mais tout de même moins qu’avec Marine Le Pen, je vais répondre point par point aux « dix bonnes raisons » d’Henry de Lesquen, c’est pourquoi je vous invite à lire son texte sur son site avant de poursuivre la lecture de mon article.

Analyse

  1. La race

Zemmour n’est pas de notre race, c’est un fait, et c’est même pour cela qu’il croit en l’assimilation, parce qu’il est un étranger qui s’est approprié notre Histoire pour la faire sienne, il s’est approprié l’Histoire de notre communauté nationale et il fait, depuis ses débuts, partie des rares personnalités médiatiques qui la défendent avec brio face au camp de l’anti-France, face à tous les déboulonneurs de statues, face à tous les thuriféraires de la repentance, face à tous les militants gauchistes, « indigénistes » et « décoloniaux » pour qui l’Histoire de notre pays ne serait qu’une fosse remplie de purin, d’intolérance, de haine, de fanatisme et de bêtise crasse.

Est-il regrettable qu’à la prochaine élection, le candidat le plus proche des idées de la droite nationale française ne soit pas de notre race ? Oui, bien évidemment. Mais, sauf erreur de ma part, François-René de Chateaubriand ou le maréchal Pétain ne sont pas candidats cette année, alors le soutien à nos idées passera, cette fois, par un soutien à Eric Zemmour, tout simplement parce que c’est lui qui en est le moins éloigné.

2. Juif marié à une juive

Henry de Lesquen nous informe du fait qu’Eric Zemmour est un israélite de stricte observance et marié à une femme juive. Pourquoi pas, faisons comme s’il s’agissait de faits intéressants. Eh bien j’ai du mal à voir en quoi le fait que Zemmour ne se soit pas métissé en créant un foyer avec une non-juive puisse être un problème, surtout quand on est comme Henry de Lesquen un adversaire du cosmopolitisme. On arrive ici à la première répétition d’argument, c’est-à-dire constater comme au point précédent qu’Eric Zemmour n’est pas de notre race.

J’ajoute à ce que j’ai écrit au point n°1 que Zemmour ne se sert pas de son audience, ni de sa popularité, pour faire l’éloge du judaïsme, ni pour dénigrer le catholicisme, à la différence de beaucoup de non-juifs engagés en politique, et je pense notamment à l’entourage de Marine Le Pen qui qualifiait certains frontistes de « cathos de merde » lorsqu’ils critiquaient l’arrivée du militant LGBT Sébastien Chenu au sein du RN.

3. Le Talmud et le peuple élu

Dans ce troisième point, il est de nouveau reproché à Eric Zemmour sa judéité, et notamment de ne pas dénoncer le Talmud et de ne pas dénoncer la théorie raciste du peuple élu.

En ce qui concerne le Talmud, je n’ai jamais entendu Zemmour en faire la promotion, ni même en parler tout court. Et je note que François Fillon, qu’Henry de Lesquen soutenait avec raison en 2017, n’a jamais abordé ce sujet non plus, ni même Jean-Marie Le Pen. C’est donc assez injuste de reprocher à Eric Zemmour, juif, de ne pas prendre de position plus radicale sur le judaïsme que des hommes de droite non-juifs.

En ce qui concerne la notion de « peuple élu », dont Eric Zemmour ne parle pas, c’est problématique car c’est une notion juive puis catholique, c’est donc une affaire de croyance, et non un positionnement politique. En effet, Jésus, le messie, devait naître au sein du peuple élu, au sein de ce peuple choisi par Dieu pour connaître et transmettre cette information capitale jusqu’à la naissance du messie et sa reconnaissance en tant que tel. Lorsque Jésus est ensuite livré aux Romains par les juifs pour être supplicié, le peuple élu devient alors le peuple déicide. Voilà un gros résumé du catéchisme catholique sur ce point qui mériterait un article entier, mais on ne peut pas reprocher à Eric Zemmour une notion (dont, je le répète, il ne parle jamais), alors que cette notion fait partie de l’enseignement catholique. D’ailleurs, par charité chrétienne, plutôt que de reprocher aux juifs cette notion de « peuple élu », nous devrions plutôt faire de l’apostolat pour leur expliquer que le messie qu’ils attendent est déjà arrivé et qu’il s’appelle Jésus.

4. Zemmour est juif à la maison

Dans ce quatrième point, troisième répétition de l’argument n°1 : Zemmour est juif. Plus précisément, Henry de Lesquen reproche à Eric Zemmour d’être juif en réalité, Français en apparence. Ce reproche, on pourrait le faire à un marrane, c’est-à-dire à un juif qui se convertit publiquement au catholicisme mais qui reste juif dans le privé et enseigne le judaïsme au lieu du christianisme à ses enfants. Mais Eric Zemmour n’est pas un marrane, il n’a jamais fait croire qu’il était catholique, même s’il a eu des propos favorables aux chrétiens d’Orient (il déplore les persécutions qu’ils subissent) et à la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (il écrit que s’ils étaient encore plus nombreux ils pourraient droitiser le clergé français), Eric Zemmour ne s’est jamais fait passer pour un catholique, et en conséquence il n’a jamais fait croire qu’il n’était pas juif. Donc oui, Zemmour est juif, mais c’est un fait, ce n’est ni une découverte ni un argument, cela nous ramène incessamment au point n°1 auquel j’ai, par définition, déjà répondu.

5. Zemmour, le faux historien juif qui méprise la France et les Français

Parce que Zemmour donne son avis sur les défaites de la France ou des Français, il n’aurait que mépris pour notre Histoire et notre peuple. Henry de Lesquen prend notamment l’exemple de Mélancolie Française, dans lequel l’écrivain serait injurieux envers la France et les Français. C’est mal connaître le positionnement de Zemmour, qui se défend toujours d’être un historien et rappelle à qui l’interroge que c’est un essayiste. Et justement, dans Mélancolie française, Eric Zemmour se plaint de la situation de notre pays, il l’a reconnu à maintes reprises, mais il le fait pour essayer de comprendre pourquoi nous sommes passés de maîtres du monde à sous-république woke, Zemmour est d’ailleurs un aficionado de Napoléon (ce que je lui reproche comme le lui reprocherait Léon Daudet) parce que Napoléon a déferlé au nom de la France sur le monde entier. Par ailleurs, ce passage de Mélancolie française, l’un des deux livres mis en accusation par Henry de Lesquen, explique selon moi les intentions d’Eric Zemmour, qui ne sont pas de chercher à mépriser mais plutôt de chercher à comprendre :

Nos contemporains ont inconsciemment accepté l’abaissement de la France ; leur valeur suprême n’est plus la puissance de notre pays, mais la paix et l’Europe. On dira qu’ils sont plus près de Caillaux que de Clemenceau, de Briand que de Poincaré ; et, pour remonter plus loin, plus près de Talleyrand que de Napoléon, de Louis XV que de Louis XIV, de Fénelon que de Bossuet. Fénelon peut nous bénir tranquillement, place Saint-Sulpice : il a fini par gagner sa partie contre le Roi-Soleil ; son élève, le duc de Bourgogne, traité de lâche à son époque parce qu’il craignait le feu, est absous, au nom du souverain bien : la paix.

Contrairement à ce qu’écrit Henry de Lesquen, c’est parce que Zemmour a une connaissance et donc une opinion sur nos événements historiques, qu’il construit une réflexion toute française sur les causes des maux qui nous rongent et peut ensuite en tirer des propositions de redressement national. Cela nous change des historiens bien de chez nous, des historiens non-juifs qui, à l’instar d’une Paule Petitier, agrégée d’histoire, nous impose et impose à toute l’Education nationale sa vision d’une lourdeur toute marxiste :

Dans les neuf derniers tomes de « L’Histoire de France », l’histoire s’écrit sur un double registre. Il y a d’un côté le récit d’une histoire pervertie, néfaste à l’humanité, résultant de l’alliance entre le désir de jouissance individuel (des princes et des bourgeois) et les puissances impersonnelles de l’oppression (le grand système catholico-monarchique). De l’autre, Michelet cherche à retrouver le fil d’une histoire progressiste, presque souterraine tant elle est occultée par la précédente.

Ce charabia partisan, marxiste et anti-Français, qui constitue la norme dans l’intelligentsia de notre pays, est tout de même à vingt mille lieues sous les ouvrages d’Eric Zemmour…

6. Un faux patriote pour duper les « Gogoys »

Dans ce sixième point, il est étonnamment reproché à Eric Zemmour d’être à la fois un insincère voleur des idées des hommes de droite, et bien entendu des idées du Carrefour de l’Horloge, dans le but de duper la foule des Gogoys, mais aussi d’être un extrémiste de droite sioniste qui n’est sincère que quand il clame sa haine des Arabes et des musulmans.

Il est extravagant d’imaginer que si Eric Zemmour est de droite, c’est uniquement pour « duper la foule des Gogoys ». Je dois vous citer un extrait de ce sixième point qui démontre par lui-même l’extravagance du reproche fait à Zemmour :

Chez Zemmour, le mensonge est une seconde nature et son sourire perpétuellement narquois manifeste la jubilation que lui inspire la naïveté de ses dupes, qu’il méprise intensément. Rien ne prouve qu’il soit honnête ou sincère. Tout démontre le contraire, du moins quand il fait mine d’aimer la France.

Et Zemmour mange des enfants au petit déjeuner, aurions-nous pu ajouter pour rester dans cette droite ligne de l’accusation sans fondement.

La vérité, c’est qu’Eric Zemmour reprochait déjà à la droite d’être de gauche quand il était un jeune journaliste, on peut donc au moins lui accorder qu’il soit vraiment de droite. Il ne s’amuse pas à « piller et plagier les idées des hommes de droite ». Ce sont ses idées ou celles qu’il a fait siennes, tout simplement.

Ceci dit, Eric Zemmour appartient-il à l’extrême-droite sioniste comme l’écrit Henry de Lesquen ? La vérité est que les rares fois où Zemmour a mentionné le « sionisme » dans ses ouvrages, ce n’était pas très flatteur… En effet, même si Eric Zemmour n’a rien à nous prouver, nous pouvons avoir l’honnêteté de constater qu’il ne se prive pas pour taper sur les juifs mondialistes dans ses livres. On peut reprocher à Zemmour d’être juif, ce qui serait injuste, mais on ne peut pas lui reprocher d’être un juif cosmopolite antifrançais, ce qui serait malhonnête. Quand les écologistes proposent un jour férié pour les juifs et les musulmans, il ironise en demandant des jours fériés pour les bouddhistes, les hindouistes, les sikhs et les raëliens. Sur le mondialisme, il rappelle dans ses livres que l’intérêt général mondial est une utopie. Un mythe. Les égoïsmes nationaux, comme on dit, sont les intérêts des peuples. Dans Le bûcher des vaniteux volume 2, Eric Zemmour dénonce la soumission des hommes politiques français au CRIF : Depuis des années, le CRIF […] influence, négocie, menace, sanctionne. […] Tétanisés par la crainte d’être traités d’antisémites, hantés par le souvenir obsédant de Vichy, les politiques de droite comme de gauche ont pris l’habitude depuis vingt-cinq ans de se presser en rangs serrés à ce dîner annuel du CRIF, comme de bons élèves soucieux de recevoir les bons points du maître. Les responsables communautaires les critiquent, les tancent, les admonestent. Ils se font les avocats sans nuance des gouvernements israéliens et contestent la politique française au Moyen-Orient. Comme s’ils étaient ambassadeurs d’Israël. Voilà des propos que pourrait tenir n’importe quel nationaliste français.

Et même sur la loi Gayssot, loi contre laquelle seuls certains nationalistes osent encore se positionner, Eric Zemmour dénonce un néo-communisme fait de vérités d’Etat. Et Zemmour va même, dans son dernier livre, encore plus loin que ne l’ont jamais osé beaucoup des « Gogoys » que dénonce Henry de Lesquen, en brocardant la nouvelle religion civile de la Shoah érigée depuis des décennies dans l’Education Nationale et le discours médiatique. Je pense qu’on peut trouver mieux comme sioniste…

7. Zemmour est un immigré patriote

Encore une fois, il est ici reproché à Eric Zemmour de ne pas être de notre race. Je renvoie donc à ma réponse au point n°1.

Henry de Lesquen se plaint du fait que Zemmour le juif soit le champion de la France française, et dénonce comme une preuve d’aliénation le fait que des Français se félicitent des propos que tient le journaliste dans les différents media. En vérité, tant mieux si les propos de Zemmour qui pourraient être les nôtres sont tenus devant une audience et un public conséquents, et tant pis si ce n’est pas un Français de souche qui les tient. Ça ne va pas chercher plus loin. C’est un simple fait, qu’on peut déplorer, mais ce n’est absolument pas une « bonne raison d’en finir avec Zemmour ». Par contre, c’est peut-être une bonne raison d’en finir avec le snobisme d’une partie de nos milieux qui considère que toute participation à une émission ou toute interview donnée à des « journalistes du système » constitue une preuve de compromission…

8. Eric Zemmour est juif…

Dans ce huitième point, il est de nouveau reproché à Eric Zemmour d’être juif, je renvoie donc une énième fois à l’argument n°1…

Henry de Lesquen reproche à Zemmour d’avoir obtenu son succès médiatique en raison de ses origines plutôt qu’en raison de son talent. C’est une possibilité, bien que nous n’en sachions rien, mais cela ne change rien au fait que ce que dit Zemmour est ce qui se rapproche le plus des revendications de la droite nationale, ce qui constitue finalement le fond de l’affaire, car il n’est pas question de choisir le nouveau chef du nationalisme français, mais de choisir ce candidat plutôt que d’autres dans le casting qui nous est proposé pour l’échéance électorale à venir.

9. Eric Zemmour empêche les vrais Français de parler à la télévision

Il s’agit de l’argument le plus extravagant de cette liste qui tourne quand même en boucle sur le reproche de la judéité de Zemmour.

Le journaliste est accusé d’occuper le terrain médiatique pour en barrer l’accès aux Français qui représentent vraiment la droite. C’est faux. En effet, le RN a régulièrement envoyé Florian Philippot puis Jean Messiah dans un nombre incalculable d’émissions de télévision, et ce n’est pas de la faute de Zemmour si le FN, puis le RN, ont souhaité y faire représenter « la vraie droite » par un homosexuel souverainiste de gauche puis par un arabe antifasciste, la responsabilité en incombe exclusivement au FN et au RN. Marine Le Pen et Jordan Bardella ne sont pas non plus censurés par les media, mais leurs bouches débitent un tel torrent de justifications, de dénégations et de politiquement correct, que cela n’a aucun impact sur l’opinion publique. Ce n’est pas parce qu’il est juif que Zemmour a du succès, c’est parce qu’il se contrefiche de la diabolisation, là où ceux qui veulent se dédiaboliser en viennent à débiter un discours inaudible ou en tout cas d’une fadeur infinie.

10. Eric Zemmour est un agent d’influence israélien qui ne sert pas les intérêts de la France mais ceux d’Israël

Il s’agit d’une accusation délirante qui a déjà été réfutée au point n°6.

Eric Zemmour est également accusé dans ce point de mettre de côté la question raciale blanche et Henry de Lesquen lui oppose une citation de Charles de Gaulle sur le fait que le peuple français soit un peuple de race blanche, ce qui est là encore une accusation qui tombe à côté de la cible, car Zemmour reprochait dès le mois de mars 2012 à la nouvelle présidente du FN, dans une chronique reprise dans Le bûcher des vaniteux volume 2,  d’évoquer « davantage l’islam que l’immigration » et de pointer « les dangers de la laïcité, plus que la composition ethnique du peuple français ».

Conclusion

Alors oui, si le sujet c’est de se plaindre qu’Eric Zemmour soit juif, on peut tourner en boucle indéfiniment là-dessus, car à moins de lui prélever tout son sang pour ensuite lui injecter notre sang, cela restera ainsi…

Au-delà de ça, comme je l’ai écrit au point n°8, Eric Zemmour est le candidat à la présidentielle 2022 le moins éloigné de nos revendications, c’est en cela qu’il apparaît cohérent, ou en tout cas pas loufoque ni scandaleux, de le soutenir à cette élection précise. Bien évidemment, c’est un choix par défaut pour nous les nationalistes, car nous n’avons pas notre propre candidat à cette élection.

Je conclus cette réponse en rappelant une évidence : oui, on peut avoir des raisons légitimes de ne pas soutenir la candidature de Zemmour ; oui, on peut avoir des raisons légitimes de soutenir cette candidature ; non, soutenir cette candidature ne signifie pas faire de Zemmour notre nouveau Messie. Que chacun garde la tête froide et cesse de confondre le fait d’argumenter et de débattre avec le fait de distribuer des bons et des mauvais points.